mercredi 11 mai 2011

L' EXPLOITATION AGRICOLE à Étrépigny

L'unité de méthanisation à Etrépigny, la deuxième du département des Ardennes, permet de produire 76 kWh d'électricité, via un groupe électrogène. Une cuve géante de 100 mètres cubes récolte le lisier qui fermente dans le digesteur en 25 jours environ.
Une cuve géante de 100 mètres cubes occupe une partie du hangar qui abrite l'élevage de 60 vaches des frères Mineur, à Étrépigny. Le lisier est « digéré » dans ce fermenteur (ou digesteur) en 25 jours environ.
« C'est le même système qu'une cocotte minute », explique Jean Mineur, agriculteur. Le bio gaz obtenu sert à alimenter un moteur. Moteur qui fait tourner une génératrice.
L'unité de méthanisation, la deuxième du département, permet de produire 76 kWh d'électricité, via ce groupe électrogène. La production est revendue à EDF depuis un mois. Le tarif de rachat est de 11 centimes le kilowattheure (14 centimes au maximum de la prime de rendement énergétique).
Le processus permet également de produire de la chaleur à partir du refroidissement du moteur : 150 kWh .
Chauffer 7 à 9 maisons
« On a besoin d'un tiers pour chauffer le digesteur parce qu'il faut augmenter la chaleur pour extraire le méthane », déclare l'agriculteur. Les deux tiers restants font fonctionner un chauffe-eau de 300 litres sur l'exploitation.
La chaleur sera aussi acheminée vers les maisons voisines de la ferme. Trois propriétaires ont décidé de se chauffer ainsi en réseau.
Tarif : 4 centimes du kilowattheure, « un prix plus bas que le fuel et le gaz », signale Jean Mineur. Au total, l'unité a la capacité de chauffer 7 à 9 maisons.
Les résidus obtenus à l'issue du processus de méthanisation sont épandus dans les champs.
Même après y avoir puisé les éléments nécessaires à la production d'une énergie propre, la valeur de cet engrais naturel est préservée et même améliorée.
« Le digesta a la même valeur en potasse et phosphore, l'azote restant est plus disponible pour la plante », indique l'agriculteur. En résumé, l'engrais obtenu se révèle plus performant !
Sans odeur
Sans compter que cet engrais est sans odeur. Reste que, lorsque les bêtes sont en pâture, impossible de récupérer leurs déjections pour les transformer.
« Plusieurs autres techniques fonctionnent, avec de l'huile de friteuse, de la pelouse, des résidus de céréales... Mais on se heurte à un vide juridique » annonce l'agriculteur, épaulé par l'ALE 08 (agence locale de l'énergie) et l'association EDEN.
Jean Mineur s'est battu pendant trois ans (NDLR : de 2003 à 2006) pour avoir le droit de mettre en culture ses jachères. Avec succès. Les matières comme les pelouses ou l'huile de friteuse étant classées comme déchets, leur réutilisation n'est pas prévue.
Selon le professionnel, la réglementation est en passe d'être adaptée à ce système de production énergétique. Bientôt les habitants pourront peut-être livrer leur pelouse tondue au Gaec du Château, ou qui sait, venir faire leur plein de bio gaz à la pompe d' Étrépigny.
Perrine Guillet
Inauguration vendredi 24 août 2007, à 10 h 30. Repas sur réservation (10 €), forums thématiques et portes ouvertes au Gaec du Château, à Étrépigny, chez Jean-Louis et Jean Mineur. Présence de l'équipementier et professionnels du bio gaz. Poursuites des portes ouvertes samedi 25 et dimanche 26.
Ecologie et développement durable
L'autonomie énergétique que l'unité de méthanisation procure à l'exploitation agricole satisfait les deux associés du Gaec du Château. L'intérêt écologique de la méthanisation les séduit également.
Grâce au digesta, la pollution à l'azote de la nappe phréatique est limitée car le résidu de matière épandu sur les cultures va plus directement à la plante. Évitée également l'évaporation de l'azote qui contribue aux pluies acides, tout comme les risques de pollution liés au stockage dans la fosse.


Précurseurs
Les agriculteurs du Gaec de Château ont découvert la méthanisation en 2000. Leur projet, lancé en 2001, s'est heurté à de nombreux obstacles .
L'exploitation étant située à moins de 100 m des maisons voisines, la Ddass et la direction des services vétérinaires l'ont étudié en détail.
Concernant le digesteur, « s'il y a un souci technique, il ne peut pas y avoir de flamme » annonce Jean Mineur, « il y a très peu de pression, il n'y a pas d'air dedans. »
Le vide juridique concernant les matières de substitution au lisier et l'évolution de la réglementation tarifaire de revente d'énergie ont ralenti sa mise en place.
Les travaux ont débuté en avril 2005 et se terminent avec l'organisation des portes ouvertes.
Ce qu'il faut savoir
Lisier : Pour récupérer le lisier des vaches (mélange liquide d'urine et d'excréments), l'éleveur a dû modifier le logement des animaux. Plus le lisier est frais, meilleure est la méthanisation.


Investissement : Le Gaec a investi 600.000 € pour transformer le logement des animaux, mettre l'exploitation aux normes et installer l'unité de méthanisation.
Subventions : 301.000 € de subventions émanant de l'Ademe, du conseil régional et du conseil général mais aussi de fonds privés ont permis de financer le projet.
Conseil : L'association EDEN, basée à Toulouse, est spécialisée dans les systèmes de production d'énergie axés sur la méthanisation .
Contrat : Le Gaec est lié à EDF par un contrat de 15 ans.
Diversification: L'unité de méthanisation fournit environ 25 % du chiffre d'affaires de l'exploitation (en cas de fonctionnement sur 12 mois).
Débouchés : L'été, d'autres débouchés doivent être trouvés. La chaleur produite peut servir à chauffer des piscines, des serres, etc. 

Caromika

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